Le paganisme actuel veut «opposer l’autonomie de l’homme à sa dépendance » (1). Le monothéisme judéo-chrétien en général, la Bible en particulier maintiennent l’homme dans un état de dépendance. En effet, «pour l’homme, s’instituer en tant qu’homme, c’est se doter d’une sur-nature… C’est surtout se donner la possibilité de se dépasser et de se transformer constamment soi-même, c’est-à-dire de faire en sorte que chaque « sur-nature » acquise ne soit qu’une étape vers une autre « sur-nature ». Or, ce projet équivaut à faire de l’homme une manière de dieu — à le faire participer à la Divinité — perspective que la Bible représente comme une « abomination » ! L’affirmation monothéiste est ainsi, d’abord, une interdiction solennelle faite à l’homme de s’instituer véritablement comme tel, puis, lorsque l’homme a passé outre (épisode de la « faute originelle ») de faire pleinement usage de son autonomie en se dotant d’une surhumanité qui l’atteste comme cause de lui-même » (2).