Ressuscité par Nouvelle Ecole (de Benoist, Rougier, Mohler) le nominalisme est de retour. Lui qu’on croyait abandonné à jamais aux calmes historiens des idées médiévales revient, sur les ailes inatten­dues des mass media, hanter notre culture. Voir les Sartre, les Lacan, les Adomo en passe d’être éclipsés dans la presse intellectuelle par Occam et Roscelin aurait quelque chose de réjouissant si notre plaisir n’était en partie gâché par la conscience d’un malentendu, qui risque d’en abuser plus d’un. Est-il bien vrai en effet que le nominalisme représente, comme on nous l’assure, une attitude philosophique fon­damentalement opposée à celle qui donne naissance au libéralisme, au socialisme et finalement au totalitarisme ? Rien n’est moins certain ! Il se pourrait, au contraire, qu’il y ait lieu d’inverser les accents et de reconnaître en lui, au lieu du remède contre la déca­ dence qu’on nous suggère, le complice de celle-ci, ne serait-ce que parce qu’il en exprime historiquement les prodromes.